Ah le Kazakhstan. Un pays gigantesque (9e rang mondial), couvert de steppes, de déserts, et d’épars montagnes, canyons et forêts ! Arrivés depuis la désertée frontière kirghize en compagnie des van-trotteurs du dimanche, on est d’attaque.
Pas avares de grands chiffres, on y a parcouru près de 5.000 kilomètres en 2 semaines … +2.000 km en van, ~2.000 km en bus, et ~800 km en train. Oui quoi alors, c’est le pays des nomades ici, non ? Alors il faut circuler !
Le Kazakhstan, on l’a donc parcouru vite, très vite, enchaînant les kilomètres sous la chaleur écrasante de juillet. Trop vite sans doute pour pleinement en apprécier toutes les facettes. Mais cette frénésie aura contribué à l’intensité de notre épopée kazakhe à fleur de steppe.
Étape 1 : Charyn canyon, bienvenue au far west
Arrivés depuis le Kirghizistan verdoyant nous avons rapidement fait dans le contraste. Les kilomètres passent et rapidement la forêt se fait rare, la terre sèche et rougeoyante…

Nous voici arrivés au Canyon Charyn. Il peut presque sans nul doute rivaliser avec les canyons américains. Bon soit, il est potentiellement un peu plus petit et un peu moins profond que le Grand Canyon. Arpentant sa « vallée des châteaux » sous un soleil brûlant, on s’est senti décoller, littéralement… le vent y était terrible !

Dormir : Le vent nous a découragé de dormir au canyon, même s’il y a un camp. Nous nous sommes plutôt arrêté dans un hôtel à Shelek (ville plus à l’ouest), trouvé sur i-Overlander (5000 Tg / nuit).
Visite : On a choisi de ne pas aller au Lac Kolsay, tout repus de lacs que nous étions, venant du Kirghizistan, mais l’endroit a l’air magnifique.
Étape 2 : Almaty, relax
Cap ensuite sur l’ancienne capitale du pays qui concentre encore la majorité de l’activité culturelle.
Sa réputation de « ville la plus européenne hors d’Europe » (Lonely Planet) nous a semblé un peu excessive mais on comprend l’idée.
Un petit air du pays il est vrai, autour de la station du métro Zibek Zholy, grâce au trio gagnant de rues centrales : piétonnes, arborées et bordées de petits cafés / restaurants avec des terrasses (fait rarissime en Asie centrale ou Chine). Les clous culturels du spectacle : l’église Orthodoxe Zenkov, aussi belle de l’extérieur que de l’intérieur, et le musée des instruments de musique kazakhs. Le métro et sa galerie de l’époque soviétique est sympa également.

Dormir : Amigo hôtel, pas génial, mais propre pour 1500 Tenge / personne dans un dortoir de 4.
Étape 3 : Parc National d’Altyn Emel – on a marché sur Mars
Splendide parc national qui se parcourt – comme on pourrait ne pas s’y attendre – en voiture ! Et à coups de centaines de kilomètres (surface de totale de 4.600 km²).
On a pris nos quartiers près d’un arbre sept fois centenaire dans une mini oasis, avec le lendemain une bonne trempette dans une source chaude soufrée qui se déverse à quelques 300 mètres de là !
Et le lendemain à l’aube – 10h du mat – nous voici à parcourir à toute berzingue les routes chaotiques vers les montagnes multicolores Aktau, puis les formations de laves de Katukau. Les montagnes Aktau remportent tous nos suffrages. Seul.e.s, sous un soleil de plomb, on s’aventure dans le lit d’une rivière asséchée ; le sol est craquelé, jaune et rose, les montagnes autour de nous rouge, ocre, blanches… en bref on se croirait atterris sur une autre planète, c’est magnifique.



On fait ensuite route vers les dunes chantantes, qui se trouvent à l’autre bout du parc à quelques 120 kilomètres de là. Pour entendre chanter les dunes il faut s’élancer du haut de la crête en courant !

Repus de sables et de monts, nous rebroussons chemin pour dormir dans le camp le plus proche de la route principale ! Non sans passer par une petite séance de désensablement 😉

Crapahuter : Trois itinéraires possibles, dont 2 au départ du village de Basshi (le bureau du parc permet d’obtenir un permis en 2 minutes et une carte bien utile des points de campement):
– itinéraire 1 : conduit aux montagnes d’Aktau, Katu-taou en passant par un arbre presque millénaire avec 200km aller-retour
– itinéraire 2 : l’autre menant aux dunes chantantes avec 100km aller-retour
Pour le 3e itinéraire qui permet d’aller voire des pétroglyphes et les dunes chantantes, le point de départ est à Shendegly.
La mémorable traversée de la steppe au cœur du Kazakhstan oriental
L’équation est simple. Il nous faut rallier l’extrême nord est du Kazakhstan et les contrées de l’Altaï, où les van-trotteurs du dimanche pourront poursuivre en Russie puis Mongolie.
A quatre dans le van, avaler tous ces kilomètres commence à devenir un peu fatiguant mais le plat de résistance est à venir. Un trajet de 1000km de route à travers la steppe kazakhe et ses routes vraiment défoncées, étalé sur 2 jours. Il n’y pas grand chose le long de la route, mais on croise tout de même quelques véhicules. Peu à peu, les montagnes alentour s’effacent pour laisser place à un horizon infiniment vide. A la nuit tombée, on installe notre campement au beau milieu de nulle part, bien que la végétation rapeuse de la steppe ne fasse pas super bon ménage avec la tente. Ces distances dans le Kazakhstan oriental nous semblent grandes, mais elle ne sont rien ou pas grand chose à côté du gigantisme du Kazakhstan dans sa globalité.
Le lendemain, alors qu’on repart consciencieusement vers notre but, et qu’on roule toujours à peu près au beau milieu de nulle part, un nid de poule un peu trop hostile fait paniquer le dispositif de sécurité du van. Interprétant ce choc comme un accident, un dispositif automatique de sécurité se met en place : coupe le moteur et allume les warnings. La voiture ne répond plus.
Par une chance absolument inouïe, notre élan nous porte tout juste … jusqu’à une sorte de bistrot où sans tarder les occupants des lieux nous aideront avec leur boîtier à trouver le fusible à réactionner manuellement. A quelque chose malheur est bon !
Au bout de la journée, la végétation commence à prendre le pas sur la steppe. L’état de la route s’améliore. L’Altaï est en approche.
Étape 4 : L’Altaï kazakh – oasis de verdure après des kilomètres de steppe aride
A l’image du reste du Kazakhstan, l’Altaï est vaste et une bonne partie de la région (et ses plus beaux coins) nécessitent un permis… car l’Altaï est partagé entre Russie, Kazakhstan, Mongolie et Chine. Une zone frontalière ultra-sensible donc, d’autant que de l’autre côté de la frontière chinoise se trouve l’autoritaire région autonome ouïghoure, le Xinjiang (où l’on était un peu plus tôt).
En partance de la russophile ville d’Öskemen (ou Oust-Kamenogorsk), nous nous cantonnons donc à la zone autorisée, dans les environs de Ridder, pour quelques jours loin de la civilisation. Plus précisément, nous avons élu domicile (3 nuits c’est presque une installation définitive à l’échelle de notre voyage kazakh) à Seri Lug dans un camps de huttes en pleine nature… le temps de se reposer et de gambader gaiement dans les environs.
On revit de nature et de brise fraîche dans ce coin verdoyant – ça change – et en altitude, du Kazakhstan. Nos voisins de huttes, de même que les propriétaires étaient vraiment très sympathiques !

Une excursion à la journée au lac Radon, du même nom que l’élément chimique radioactif qui s’y trouve.
Lac Raddon
Au menu, des Krouchtchevka : porridge du petit déjeuner à base de maïs, dont Kroutchev a promu la culture à marche forcée en son temps. Le summum du kiff intervenant dans le banya (sauna russe) construit par le propriétaire dans une hutte à côté de la rivière glaciale.
Öskemen et Ridder : parfait pour se ravitailler avant de partir vers Seri Lug, car là bas, point de commerces.
Camps de huttes de Seri Lug : 3000Tenge la hutte, 500Tenge le lit dans une sorte de dortoir et le même prix pour un van ; le camp est indiqué sur maps.me ; il est tenu par un couple très sympathique. Rusland et sa femme sont tombés amoureux du coin à un mariage deux étés auparavant et ont décidé de changer de vie et de reprendre le camp qui était alors en vente. Possible d’y faire un Banya russe typique pour 300T.
Randonnée lac Radon : Compter 2-3h aller et 2-3h retour, une randonnée vraiment pas difficile si ce n’est pour les 7 passages à gué! Sandales conseillées, ou à défaut en équilibre sur des troncs d’arbre. Il est possible de continuer jusqu’au sommet pour avoir une belle vue !
Altaï Kazakh : plus d’informations sur le site https://caravanistan.com/
Etape 5 : Semeï (Semipalatinsk) – Astana
Quitté l’Altaï, direction Semeï où nous disons Rakmat et Dasvidania à Diane et Got qui traversent en Russie le lendemain.
La ville est surtout connue pour le proche Polygone, situé quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de la ville. Il s’agit du principal centre d’essais nucléaire de l’Union soviétique. La zone est encore très radioactive, et est à peu près inaccessible. 25% de tous les essais nucléaires mondiaux ont eu lieu ici. Les conséquences sur les populations sont très lourdes, avec des problèmes de santé répandus, graves, et de différentes natures.
A Semeï, nous passons la nuit avec de prendre le train pour Astana. Levés à 5h direction la gare, il fait déjà grand jour. C’en est parti pour 14 heures de train vers la capitale.

Dormir : Mini VIP hotel, 4500T la nuit si vous restez moins de 12h (lol ?!) sinon c’est moitié plus environ.
Transport : Taxi à 570T pour la gare, notre train pour Astana partant à 6h. On ne connaissait pas encore Yandex Taxi qui est un atout majeur pour se déplacer au Kazakhstan et en Ouzbékistan !
Étape 5 : Nur-Sultan, ex Astana, l’hyper modernité au milieu de nulle part
La capitale, Astana, a été renommée Nur-Sultan voilà quelques mois à peine (mars 2019). Un nouveau nom en l’honneur de celui qui fut président pendant près de 30ans (de la chute de l’URSS à 2019) et qui fit sortir de terre cette nouvelle capitale. Un champignon au milieu de la steppe, fournaise en été et glacial en hiver.

Elle a supplanté Almaty en tant que capitale officielle du pays en 1997, mais elle ne lui arrive pas à la cheville sur le plan culturel. En effet, Nur Sultan reste une ville nouvelle qui se dresse isolée au milieu des steppes (comme beaucoup de capitales des pays du coin)…. et souffre ainsi d’un déficit d’attractivité considérable auprès des plus jeunes.
Arpenter les grandes avenues est éprouvant, puisqu’elle n’offrent que peu de répit face au soleil et au vent. Nous avons dû nous réfugier dans les nombreux centres commerciaux pour trouver un peu de fraîcheur et de quoi nous sustenter ! L’application Yandex Taxi est ici un précieux ami ! A noter qu’en hiver, c’est tout aussi rigoureux puisque les températures sont extrêmes.

Mais l’incongruité globale de cette ville prend le dessus sur tout cela et titille la curiosité du voyageur.
L’avenue centrale, mise en musique et orchestrée par Nur Sultan Nazerbaiev, l’ex-président est splendide.
- Elle s’étend du flambant neuf Khan Shatyr -Centre commercial – au palais présidentiel.
- Des capitales d’Asie Centrale – derrière Achgabat (Turkménistan) tout de même – c’est cette avenue qui nous a le plus impressionné … et collait aussi très bien à l’image que l’on peut avoir des démocraties autoritaires de cette région. Des gratte-ciels plus chatoyants et innovants les uns que les autres se succèdent, et on peut en profiter sans crainte puisque que l’artère est presque entièrement piétonne.
- Les monuments les plus remarquables restent :
- les mosquées Nur Astana aux dômes dorés, ainsi que la mosquée Hazrat Sultan
- et la tour Bayterek représentant de manière stylisée une légende Kazakh, sous la forme d’un œuf d’or d’aigle (symbole du Kazakhstan) perché sur un arbre.
- Au coucher de soleil l’avenue est particulièrement resplendissante, tandis que la fontaine centrale s’anime de sons et lumières.
On a aussi poussé un peu à l’extérieur, vers la sympathique Expo (universelle) Astana 2017 sur l’énergie.

Dormir : Hostelland (4500T) pour une chambre très correcte !
Manger : Malgré nous, on s’est principalement nourri dans les centres commerciaux et naturellement ça ne nous a pas réussi. Notre meilleur repas à été juste à côté de l’auberge dans le restaurant Ouzbek.
Transport : On a énormément utilisé Yandex taxi !
Étape 6 : Astana – Shymkent
Vers la prochaine étape : 1300km de bus de Astana à Shymkent au milieu de la steppe kazhake (si vous voulez faire l’expérience du vide on vous recommande le Kazakhstan) : 26 heures d’affilée ! On ne recommande vraiment pas, mais on était un peu pressé d’aller en Ouzbékistan et les tickets de train étaient vraiment hors de prix (100€ par personne, c’est le seul pays d’Asie où on a vu les prix varier selon le nombre de places restantes).
Pour Shymkent, nous étions plein d’ambitions ! Aller à Turkestan et au parc national à proximité. Mais finalement pour on a dû filer fissa à Tashkent, Ouzbékistan, pour obtenir nos visas pour le Turkménistan et pour l’Iran.
Dormir : Eco Hostel
Manger : A quelques centaines de mètres de l’hôtel un restaurant typique et très bon !
Passage de frontière : Il est possible de prendre le bus départ à 9h et à 13h direction Tashkent, Ouzbékistan (1700T / p).
–
Au global au Kazakhstan, un budget de 24€ / jour / personne, en comptant les 7 premiers jours dans le van et les 7 suivants en sac à dos. Notre conseil est donc de prendre le temps au Kazakhstan ou de prévoir petit ! Un autre avertissement aux valeureux qui s’apprêtent à s’y aventurer : réservez vos billets de train en avance (10-15jours) sous peine de devoir souffrir des trajets de bus immensément longs, là où le train est chouette. Faute d’anticipation nous avons ainsi avalé 26h de bus de Nur Sultan (Astana) à Shymkent – ce qui en fait le trajet le plus long de notre périple Bangkok – France.