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Béatitude au Tibet Amdo

Le Tibet…. La simple évocation de cette région suffit pour que se bousculent dans nos têtes mille images mystiques. Le « Toit du monde » a la réputation d’être un lieu magique … autant qu’inaccessible.

Moulins à prière de Xiahe
Assemblée de moines Gelugpa à Longwu (Tongren)

Annexé par la Chine en 1950, le Tibet est depuis relégué au statut de région autonome chinoise, au même titre que le Xinjiang, le Guangxi, la Mongolie-Intérieure et le Ningxia. Pour voyager dans la région autonome du Tibet, il faut se voir octroyer un permis spécial et coûteux et être accompagné en permanence par un guide. Pas facile de grimper sur le toit du monde …

Et pourtant, voyager au Tibet c’est possible, et c’est facile ! Mais comment donc Sherlock ?!? Explications.

En réalité, la zone de peuplement et de culture tibétaine est loin de se limiter à la région administrative autonome du Tibet, comme le met en évidence la carte ci-dessous. Le Tibet « historique », ou « greater Tibet » se décompose en effet en au moins 3 zones de pueplement distinctes, elles-même divisées en sous-préfectures tibétaines autonomes :

  • le Tibet Ü et le Tibet Tsang, qui correspondent à peu près à la région autonome du Tibet (Xizang en mandarin) avec pour capitale la mythique Lhassa.
  • Le Tibet Kham, à cheval entre le Tibet autonome administratif, le Sichuan et le nord du Yunnan (et que nous avons pu explorer ici!).
  • Le Tibet Amdo, qui correspond à peu près à la vaste région du Qinghai + une petite partie du Sichuan et une petite partie du Gansu.
Carte des subdivisions du Tibet historique – Wikipedia

Autrement dit, le Tibet se décompose en 13 entités autonomes : la région autonome tibétaine Xizang (Ü-tsang) ainsi que 12 préfectures/comtés autonomes tibétaines administrées à des provinces chinoises où l’on circule librement. La répartition de ces préfectures autonomes : 2 se trouvent au Gansu, 3 au Sichuan, 6 au Qinqhai et une au Yunnan.

Sans pour autant pénétrer dans la région du Tibet autonome, il est donc possible de voyager dans des zones de peuplement et de culture tibétaines dans les provinces du Qinghai, du Sichuan, et du Gansu et du Yunnan.

Xiahe : arrivée au Tibet Kham depuis Lanzhou (Gansu)

Quittant la route de la soie à Lanzhou (Gansu), nous faisons route vers le sud et vers les montagnes aux confins du Gansu. Le bus met environ 3 heures et demi pour rallier Xiahe, traversant de jolies collines parfaitement pâturées et longeant d’impressionnants édifices religieux d’un style incroyable semblant être des hybrides de temples et de mosquées (ce sont des mosquées hui en réalité).

Quelque 200 kilomètres plus tard, nous voici à Xiahe, petite ville où s’activent de nombreux moines, pèlerins, et une poignée de touristes à 3.000 mètres d’altitude.

La force mysthique que le lieu dégage est envoûvante ; notamment à l’approche du monastère de Labrang où les pélerins et les moines actionnent les centaines de moulins à prière qui en font le tour. Il est possible, comme nous l’avons fait, de visiter le monastère en compagnie d’un moine anglophone pour bénéficier de quelques explications. A Labrang, nous croisons des centaines de moines coiffés d’un bonnet jaune. Ils sont issus de l’école Gelugpa, la plus grande et plus récente école du bouddhisme tibétain, incarnée par le Dalaï-Lama (en exil).

En plus de faire tourner inlassablement les moulins à prière, les fidèles tournent également autour des stupas (dans le sens des aiguilles d’une montre) et s’arrêtent à maintes reprises pour se prosterner. Leur détermination est impressionnante.

Taktsang Lahmo (Langmusi) : le bout du monde, sous la neige

Après 4h de bus (vide depuis Xiahe), nous arrivons dans un lieu très préservé portant le doux nom de Langmusi, à cheval entre le Gansu et le Sichuan, de sorte que les deux centres monastiques qu’il abrite sont pour l’un (Kirti Gompa) au Gansu et pour l’autre (Serti Gompa) au Sichuan.

Kirti Gompa
Partie de badminton avec les jeunes moines
Kirti Gompa
Taktsang Lahmo Gompa

On se croierait arrivés au village du bout du monde, l’atmosphère est incomparable. Les montagnes environnantes permettent des randonnées sympathiques et on s’en donne à coeur joie. Des rapaces volent dans le ciel … pas étonnant quand on sait que les moines de Kerti Gompa pratiquent les funérailles célestes : jhator, littéralement « dispersés par les oiseaux ». Les corps des moines partis vers leur vie d’après sont mis en pièces puis exposés à l’air libre, en pâture aux vautours. Il en va ainsi du cycle de la vie ici.

Mount Rixiema
Mount Rixiema
Serti Gompa

Dans notre auberge, nous lions connaissance avec le gérant originaire de l’est de la Chine et ayant succombé aux charmes et à l’appel des montagnes de l’ouest. Il fait terriblement froid et les chauffe-matelas électriques – que l’on retrouve fréquemment en Chine – sauveront notre nuit. Au petit matin, en ouvrant les rideaux, quelle joie de voir que le village a revêtu son manteau de neige ! Pour les photos, on ne pouvait pas rêver mieux.

Moulins à prière propulsés par l’eau de la rivière. Des points de karma à l’infini !!
Stupa et mosquée non loin – Serti Gompa
Kirti Gompa
Sur la route entre Langmusi et Zö

Zö (Hezuo)

Du haut de ses 100.000 habitants, Hézuo (Zö en tibétain) est le chef-lieu de la préfecture autonome tibétaine du Gannan (province du Gansu, toujours). La ville, très compacte, est dominée par de gros et fades bâtiments résidentiels, une mosquée et des temples tibétains où se pressent de nombreux pèlerins.

Le temple Milarepa, haut de neuf étages et construit par le philosophe du même nom au onzième siècle, est une des curiosités de Zö. Il fût détruit durant la révolution culturelle, puis reconstruit depuis.

Temple Milarepa – Zö

Rebkong (Tongren)

On poursuit au Tibet Amdo en repassant par Xiahe puis direction Rebkong, une ville politiquement mouvementée dans l’immense province du Qinghai. Les formations rocheuses le long de la route entre Xiahe et Tongren n’ont rien à envier à celles du Far West !

Marchands de Rebkong

Rebkong (Tongren en mandarin) est une petite ville perchée très active ! On retrouve comme partout au Tibet les nombreux vendeurs de yartsa gunbu : des champignons cordyceps (mi fungus, mi-chenille) prétenduement aphrodisiaques et qui s’arrachent dans le monde entier (et ne se trouvent que sur les hauts plateaux tibétains). Cette ville est hors des itinéraires classiques, si bien que nous ne parvenons pas à trouver la moindre recommandation précise de logement en ligne. Avec l’aide des locaux, on finit par trouver un endroit en retrait de la rue, dans le quartier musulman.

On suscite la curiosité à Tongren et les gens nous arrêtent ou nous suivent dans les échoppes pour discuter (un bien grand mot). Ici, la population est majoritairement tibetaine et minoritairement hui. De nombreux Bonan sont également originaires de Rebkong. Les Bonans sont des descendants de soldats mongols stationnés pendant très longtemps dans la région. Ils sont bouddhistes mais certains se sont convertis à l’islam et ont pour beaucoup dû fuir pour le Gansu.

Un généreux vendeur de gâteaux secs devenu notre meilleur pote ❤

Rebkong est une base arrière parfaite pour visiter des temples qui sont les hauts lieux du thangka tibétain. Le thangka est un art pictural bouddhique d’une grand finesse.

Monastère Wutun Xiasi

La quête des thangkas nous porte jusqu’à un monastère tout bonnement époustouflant : Wutun Xiasi (吾屯下寺), accessible avec le bus 1. A l’extérieur, des bouddhas et des stuppas aux couleurs éclatantes et aux dimensions impressionanntes. Il y a un côté ostentatoire, pour ne pas dire bling-bling ! Nous n’avons encore rien vu de pareil au Tibet. A l’intérieur, c’est encore plus impressionnant. L’accès n’est pas libre et les photos interdites ; après une heure d’attente, un moine vient nous faire la visite. Des immenses salles abritent de gigantesques et scintillants bouddhas, dont un à dix têtes … la nôtre nous en tourne. Tout a été reconstruit après les destructions de la révolution culturelle. Nous découvrons donc ces fameux thangkas, peintures magnifiques d’art bouddhiques qu’on vient chercher ici jusque depuis Lhassa.

Monastère Wutun Xiasi
Temple à Wutun Xiasi (cette statue a été construite récemment)

A voir également, le monsatère Guo Ma Ri Si et son immenense stupa, dans le labyrinthique village fortifié de Gorma Gompa.

Ou bien les petits enfants qui jouent autour

Retour à la ville de Rebkong, où nous visitons le monsatère de Longwu et tombons presque nez-à-nez avec une assemblée de moines Gelugpa.

Monastère de Longwu

C’est ici que quinze moines s’immolèrent par le feu lors des mouvements de protestations en 2012. Dans les temples de Longwu, on trouve des photos du Dalaï-Lama, alors qu’elles sont cachées ou absentes dans la plupart des autres temples que nous avons pu voir au Tibet jusque là. On n’avait vu aucune patrouille de police au Tibet jusque là non plus, cette fois-ci on voit passer un convoi de grande taille (avant-goût de notre idylle avec la police au cours de nos derniers jours en Chine).

Xining

2h de bus nous conduisent jusqu’à Xining, capitale du Qinghai. Cette grande ville a la réputation d’être un melting pot entre Han, Hui et Tibétains ; par manque de temps non décidons toutefois de prendre directement un train pour notre prochaine destination Zhang Ye et revenir sur le route de la Soie. Avec le recul il est probable qu’on aurait été insiprés de s’attarder un peu à Xining, dont voici un récit de voyage sympathique par un autre bloggeur.

A notre décharge, Xining n’avait pas l’air exceptionnel vu d’ici !

Infos partiques Tibet Amdo :

Transports : de préférence acheter les billets de bus la veille

Bus Lanzhou – Xiahe : 75 yuan pp, 3,5h ; départs 7h30, 8h30, 9h30, 14h, 15h depuis gare de bus sud Lanzhou (prendre bus 107)

Bus Xiahe – Langmusi : 48 yuan pp, trajet de 4h, départ à 7h30

Bus Langmusi – Hézuo : 50 yuan pp, 3h de trajet, départ à midi

Bus Hézuo – Xiahe : 44 yuan pp, 1h30 de trajet, départ à 17h50 (il n’y pas de direct Hezuo-Rebkong)

Bus Xiahe – Rebkong : 33 yuan pp, 2h de trajet, départ à 8h00

Bus Rebkong – Xining : 40 yuan pp, 2h à 2h30 de trajet, départs très fréquents.

Train Xining Zhang Ye : 1h48 de trajet, départ à 15h57

Logements :

Xiahe : Calling Marmott Youth Hostel : nickel, quartier et personnel sympa, dortoir vide ; 40 yuan par lit ; proche gare de bus

Langmusi : Tibetan Barley Youth Hostel : 90 yuan la chambre double : hôtel/guesthouse OK et surtout bonne ambiance

Rebkong : essayer à ces coordonnées GPS ;90 Yuan la chambre double, central, quartier Hui. Correct. Au fond d’une cour, pas facile à trouver, le point maps.me est imprécis. Ce blog qu’on a trouvé plus tard liste quelques hôtels avec leurs noms mandarains

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