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Turkménistan : cinq jours en transit dans un autre monde

5 jours intenses dans un pays assez méconnu et pas aussi verrouillé que sa réputation le suggère, mais tout de même assez loufoque (et ça on aime !).

Pour visiter le Turkménistan vous avez deux choix : un visa de quelques semaines si vous vous embarquez dans une visite groupée avec un guide officiel. Ou alors un visa de cinq petits jours, dit « de transit » (via deux pays séparés par le Turkménistan, en l’occ. Ouzbékistan et Iran pour nous) : le visa de la liberté expresse ! (mais dont l’attribution demeure très aléatoire et est réputée pour en laisser bon nombre sur le carreau, à commencer par les rédacteurs du Lonely Planet « Asie centrale 2018 » qui déplorent ne pas avoir pu mettre les pieds depuis plusieurs années dans ce qu’ils appellent « La Corée du Nord de l’Asie Centrale »).

Jour 1 : De Konya-Urgench à Darvaza

Arrivant de l’Ouzbékistan voisin, nous traversons la frontière au petit matin, en compagnie d’une trentaine de personnes. Ce joli petit monde est pour la plupart chargé de 2 bouteilles de Coca-Cola et autres marques non vendues au Turkménistan, tandis que les cigarettes y sont quant à elles tout bonnement interdites !

Côté Turkmène :

  • Taxi partagé (pour 400 petits mètres, mais on ne discute pas avec les militaires) entre le poste frontière turkmène et le véritable point frontière pour 2 manats chacun (fraîchement échangés contre nos derniers soms avec une femme ouzbèke traversant également la frontière).
  • Taxi partagé pour les 15 kilomètres séparant la frontière du bazaar de Konya Ourgench pour 4 manats chacun (20 minutes).

On s’est arrêté au Bazaar, pour y échanger de l’argent. Le taux officiel est de 3,5 manats le dollar au distributeur (bankomat), quand au marché on peut obtenir 17,6 manats contre 1 dollar… En effet, les taux sont maintenus à un taux artificiel par les instances dirigeantes.

  • Taxi pour 5 manats chacun pour nous amener au stand des taxis longue distance, adjacent à de belles mosquées ! Conformément aux conseils lus sur un blog anglophone, nous sommes rapidement abordés par un chauffeur qui nous proposera sur deux jours le trajet Konya Ourgentch – Darvaza – Ashgabat (25$, pas de manats).

Au passage, avant de tracer notre chemin, on visite le site de la ville antique de Konya Ourgentch et ses quelques monuments étonnamment bien conservés.

Partis à 16h15 de Konya Ourgentch, nous arrivons après 3h15 de route aux portes de l’enfer !

De son vrai nom cratère de Darvaza, il s’agit d’un cratère créé accidentellement par une expédition soviétique en recherche de pétrole. Les scientifiques mirent le feu au cratère dans l’espoir que le gaz qui s’échapait s’épuise rapidement… résultat : le cratère brûle toujours 50 ans plus tard.

La nuit tombe et les portes de l’enfer s’ouvrent alors véritablement ; on vous laisse juges.

Dormir : Il y a pas mal de yourtes, et plusieurs camps. On a été approché par un local qui nous a proposé une yourte toute simple (10$) et on y a invité notre chauffeur.

Pratique : On avait fait des provisions d’eau et de fruits secs avant de partir d’Ouzbékistan. On a complété avec de l’eau à Konya Ourgentch (il y a très peu de commerces jusqu’à Darvaza).

Jour 2 : De Darvaza à Nokhur

Lever matinal et nous voici repartis pour 3h de taxi direction Ashgabat.

Dans les franges d’Ashgabat, à la gare de taxi, nous changeons de taxi (tout les taxis ne peuvent rentrer dans Ashgabat) pour un autre taxi direction Nokhur. C’est la foire d’empoigne – une bonne vingtaine de chauffeurs nous ont encerclé – et le plus offrant consent un trajet à 150 manats.

Le paysage change un peu en chemin, on aperçoit des montagnes, et on longe des petites villes aux toits uniformément verts.

Petite déconvenue à Nokhur, le homestay où nous voulions aller (repéré sur I-Overlander) semble ne plus exister.

Quelques dizaines de minutes à arpenter le centre du village en demandant des informations et une gentille famille nous vient en aide.

Une des filles nous propose de rester chez elle contre une petite somme. Nous sommes présentés au grand-père, un des seuls russophones du village avec qui chacun pense que nous pourront donc converser donc (les turkmènes semblent penser que le russe est la lingua universalis 🙂 )

Une famille d’une gentillesse inouïe dont on partagera le quotidien à la ferme pendant deux jours, dans leur habitation dont toutes les pièces sont couvertes de tapis (en guise de meubles).

Jour 3 : De Nokhur à Ashgabat

Le lendemain on explore les environs, et on se prête au jeu de l’essayage de la la tenue traditionnelle turkmène.

On repart en « stop » version locale, en attrapant une voiture de la place du village jusqu’à Achamat (5 manats chacun), puis de Achamat à Ashgabat (30 manats chacun).

A Ashgabat, déposés à la gare de train on marche jusqu’à un hôtel repéré sur I-Overlander : le Kuwwat hôtel. Tout est très très basique, la chambre est à 20$ pour deux planches de bois en guise de sommier. Les prix des hôtels sont gonflés à bloc à Ashgabat. Comme à Darvaza, on y croise des hordes de jeunes anglais partis depuis la Grande-Bretagne dans de petites voitures pour rejoindre la Mongolie (dans le cadre du Mongol Rally, une œuvre caritative qui fait des émules outre-Manche et pour qui le Turkménistan accord facilement des visas de transit).

On part déambuler dans le centre sur l’avenue centrale avec tous les bâtiments officiels. On se fait « arrêter » une première fois en flagrant délit de prise de photo. En théorie il est interdit de prendre des photos de la capitale et des bâtiments officiels. On scrute donc bien les alentours dorénavant avant de prendre nos photos. On arrive enfin à glaner un peu d’Internet (une denrée rare au Turkménistan) au restaurant Pizza Haus.

Jour 4 : Ashgabat

La chaleur nous incite à faire le tour des centres commerciaux près du Gulistan (bazaar russe).

Après déjeuner on file en taxi (50 manats aller simple, 120 avec le chauffeur qui attend pour le retour) au télécabine (5 manats chacun) pour prendre de la hauteur. On ne croise quasiment aucune une autre voiture sur la route …

En chemin on aperçoit pas mal de monuments, ceux de la prospérité et de la constitution turkmène sont particulièrement flamboyants. A noter qu’une bonne partie de cette capitale de tous les excès architecturaux a été construite par nul autre que … Bouygues. Les relations diplomatiques franco-turkmènes sont vives en coulisses.

Du haut du téléphérique, on a une vue sur Ashgabat la blanche (et dorée) et sur les montagnes et le désert qui l’entourent. La vue de cette capitale de marbre dans le désert est tout bonnement difficile à croire. La plupart de ces immenses bâtiments semblent vides, aussi vides que les avenues et rues qui les relient.

Au retour on se fait déposer au monument pour l’indépendance à quelques kilomètres du téléphérique (qui est par ailleurs un vieux modèle Sigma importé d’une station de ski des Alpes, le numéro de téléphone d’urgence restait d’ailleurs inchangé !!). En contrebas un autre monument en l’honneur du Rumhana, livre écrit par l’ex-président Turkmenbashi – et best-seller du pays sous son « règne » (et au Turkménistan sous l’ex-président il se murmurait qu’il était le livre le plus vendu au monde).

De là on prend le bus 37 (0,5 manat) direction la mosquée Ertugrul Gazi, copie de la mosquée bleue d’Istanbul.

Jour 5 : Ashgabat – Masshad / Téhéran via Bajgiran (Iran)

Départ 7h avec un taxi commandé par l’hôtel pour 50 manats (les taxis sont denrée rare à Ashgabat, mieux vaut anticiper).

Passage d’un premier poste de contrôle, puis bus jusqu’à la frontière actuelle. On part à 7h30 avec tout le personnel de la frontière, on s’arrête même pour récupérer les militaires en chemin.

À 8h40, on nous laisse passer le check médical (relevé express de température), « inspection » des bagages, puis tampon et l’affaire est dans le sac ! (Personne ne s’est finalement intéressé à nos photos).

Quelques mètres et nous voici en Iran. On vient de régler nos montres (- 30 minutes), il est maintenant 8h40.

On échange de l’argent au bureau de taxi (taux pas top de 1$ = 94.000 rials) et on s’acquitte des 25 dollars pour faire le trajet directement jusqu’à Mashhad, via Bagjiran.

In fine cinq jours mémorables dans le pays des turkmènes, une nation ô combien singulière, hermétique (classée DERNIERE MONDIALE du classement relatif à la liberté de la presse) et intrigante.

Petite singularité, ces femmes qui portent dans leur immense majorité la tenue traditionnelle (la curiosité tourne court quand on apprend que c’est pratiquement obligatoire) avec des variations sur le foulard…. et une partie des hommes, dans les petites villes, portent encore la toque en fourrure (même sous 40 degré – un exemple pour nous tous). Tandis que comme dans le reste de l’Asie Centrale les sourires sont – littéralement – d’or (en cause le remplacement des dents manquantes par des chicots dorés) !

Au total un séjour moins onéreux que ce qu’on envisageait : 135$ à deux (dont 100$ changés au Bazaar pour 1$ = 17.6 manats), plus 67 $ par tête pour le visa de transit (10$ avant obtention, 45$ après obtention et 12$ à la frontière).

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